Regarder son programme TV et se faire livrer son repas : une habitude bien ancrée chez les Français

Rien de plus simple que de commander un repas en ligne pour prolonger un film captivant ou une partie en cours sur console. Fini le temps où il fallait interrompre un épisode haletant ou mettre le jeu en pause pour préparer un dîner à la va-vite. La livraison de repas s’impose comme un réflexe adopté par des millions de Français, intégrant pleinement leur mode de vie connecté. En 2022, près d’un consommateur sur deux a eu recours à un service de livraison. Le marché, évalué à 7 milliards d’euros, pourrait atteindre 9,2 milliards d’ici 2026. La pratique, d’abord boostée par les confinements, s’est depuis installée durablement, répondant à une demande croissante de confort et d’instantanéité. Penchons de plus près sur ce phénomène.

Un mode de consommation adapté aux soirées TV et aux sessions de jeu

La livraison de repas suit un schéma bien établi : les Français commandent en moyenne trois fois par mois, principalement en soirée et le week-end. Près de 80 % des livraisons ont lieu à domicile, souvent dans un cadre de détente devant un écran.

Et lorsque le frigo est vide ou que la motivation manque, passer une commande McDo en quelques clics permet de ne rien rater de son programme ou de ne pas stopper sa game de Call of Duty Black Ops 6.

Dîner devant un film, suivre un match en direct ou enchaîner les parties en ligne tout en mangeant est devenu une habitude largement ancrée.

Les repas sont le plus souvent commandés en petit comité, avec une moyenne de 2,6 personnes par commande.

Ce réflexe illustre bien l’évolution des habitudes alimentaires : la restauration livrée est aujourd’hui un prolongement du divertissement à domicile, pensé pour s’adapter aux rythmes du quotidien.

Dans le milieu professionnel, le phénomène prend aussi de l’ampleur. La part des repas livrés au bureau ou en télétravail a progressé de 8 points depuis 2020, atteignant désormais 29 % des commandes.

Si le dîner reste le moment privilégié pour se faire livrer, le déjeuner en semaine gagne du terrain, porté par la flexibilité des nouvelles habitudes de travail.

Un levier économique majeur pour la restauration

Face à cette demande exponentielle, les restaurateurs sont de plus en plus nombreux à intégrer la livraison à leur modèle économique. Entre fin 2021 et janvier 2023, le nombre d’établissements proposant ce service a bondi de 50 800 à 56 300 (+10 %).

Les restaurants indépendants sont particulièrement actifs : 43 000 d’entre eux proposent la livraison, générant un chiffre d’affaires global de 3,7 milliards d’euros, soit une moyenne de 85 000 euros par point de vente.
Les enseignes en chaîne ou en franchise, quant à elles, affichent des recettes plus élevées, atteignant en moyenne 400 000 euros par établissement pour un total de 2,65 milliards d’euros.

Le marché est cependant dominé par une poignée d’acteurs. Uber Eats et Deliveroo concentrent l’essentiel des commandes, imposant leurs conditions aux restaurateurs et façonnant l’expérience utilisateur.

Une hégémonie qui n’est pas sans critiques : la nourriture renversée (77 % des cas), les commandes incomplètes (74 %) et les plats refroidis avant leur arrivée (68 %) figurent parmi les réclamations les plus courantes des clients.

Des pistes d’évolution pour une expérience encore plus fluide

Le succès de la livraison de repas ne montre aucun signe de ralentissement. Plusieurs axes d’amélioration émergent pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et renforcer encore l’intégration de ces services dans le quotidien des adeptes du streaming et du gaming :

  • Une offre plus locale et diversifiée, mettant en avant des spécialités régionales et des restaurants de quartier
  • La possibilité de mixer des plats issus de plusieurs établissements au sein d’une même commande
  • Des abonnements et offres de fidélité pour des livraisons plus abordables
  • Des solutions écologiques, avec des livraisons neutres en carbone et des emballages réutilisables

Les tendances alimentaires évoluent également, modifiant les préférences des consommateurs. Si la pizza reste un incontournable (70 % des utilisateurs en ont déjà commandé), son attrait s’érode (-15 points).

Le burger suit la même trajectoire, notamment au déjeuner, tandis que la cuisine asiatique progresse (+10 points).
Les pokés et les glaces font partie des catégories en forte croissance, accompagnant une diversification de l’offre.

Manger devant un écran est devenu la norme pour de nombreux Français, qu’ils soient amateurs de films, de séries ou de jeux vidéo.

Dans ce contexte, la livraison de repas n’est plus seulement un service pratique, mais un élément à part entière du plaisir de rester chez soi sans interruption.

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